Art de faire le papier |
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Des fautes que les ouvriers des cuves peuvent commettre
251. L'ouvreur doit avoir l'attention, en distribuant la matière sur sa forme, de renforcer le bon carron, c'est-à-dire, le coin de la feuille qui est en haut sur la droite entre la bonne rive et les mains parce que c'est toujours ce coin que l'on pince en levant les feuilles ou en les étendant. Sans cette précaution, il s'en casserait beaucoup. Si l'ouvreur enlève trop de matière avec sa forme, s'il ne l'étend pas également, s'il laisse échapper l'eau trop promptement, s'il frappe de sa forme contre l'égouttoir, dans tous ces cas la matière s'accumule dans certains endroits de la forme : ce qui produit des andouilles dans la papier. 252. Lorsqu'il laisse endormir la matière sur la forme, et qu'il ne la distribue pas assez tôt, il se forme une feuille châtaignée, c'est-à-dire, semée de parties d'inégale épaisseur. Quand la cuve est trop chaude, on enverge toujours mal, et on ne peut guère éviter ces inégalités, parce que l'eau s'évapore trop vîte de dessus la forme. 253. Un ouvreur peut laisser revercher la feuille, c'est-à-dire, refluer trop la matière vers un des bords, en ne donnant pas à ses bras un mouvement régulier. Il peut esserner, c'est-à-dire, faire un papier tronquer, s'il n'étend pas assez sa matière, si la cuve est trop chaude, si la fécule est trop crue, trop verte et peu coulante, s'il a les bras trop roides, s'il donne une mauvaise secousse, ou si la forme est mal faite. Il fait une feuille dentelée, en ôtant mal la couverture, ce qui arrive aussi par le défaut des feutres, de leurs coutures, de leurs lisières. 254. En examinant une feuille de papier au transparent, on voit que des deux côtés de chaque pontuseau, il y a une plus grande opacité que vers le milieu de l'intervalle. Cette épaisseur vient de la matière qui n'a pu se distribuer par le mouvement de la forme, étant arrêtée par les pontuseaux ou le manicordium qui sert à les parfiler. On éviterait ce défaut, s'il était possible de se passer de pontuseau, et d'avoir des fils de verjures assez tendus et assez fixes pour n'avoir pas besoin d'être parfilés de distance en distance. Cela nous parait impraticable, mais il est possible de diminuer beaucoup l'inconvénient, en promenant la forme avec douceur, peut être même en ne la promenant presque point. Dans les papiers de Hollande, qui ont de l'épaisseur, on aperçoit à peine cette inégalité, parce qu'on procède beaucoup plus lentement dans les fabriques hollandaises, et qu'on secoue moins la forme pour enverger. 255. Le coucheur peut aussi, par inattention ou par défaut d'expérience, occasionner plusieurs difformités dans la feuille, dont nous essaierons de donner une idée. 256. Pour éviter les gouttes d'eau qui tombent facilement sur le papier, et y font des taches désagréables, il doit coucher sa forme lentement et la relever promptement. Toutes les fois qu'il appuie sa forme sur l'égouttoir, il doit secouer sa main derrière lui : sans cette précaution, ses doigts qui sont mouillés, dégoutteraient sur la feuille déjà couchée, en la couvrant du feutre, et y formeraient la goutte d'eau. 257. Si l'on couche trop vîte, l'air retenu et comprimé sous la feuille occasionne des boursoufflemens et des endroits plus clairs que les autres, qu'on appelle musettes. 258. Lorsqu'en appuyant de la main droite la bonne rive de la forme sur le feutre, le coucheur laisse glisser la forme sur le feutre, ou qu'il n'a pas la main sûre, il fait du lâche, du coulé, de l'écrasé ; ce sont les différentes nuances d'un même défaut qui consiste à avoir une feuille tiraillée d'un certain sens, jusqu'au déchirement. Si elle n'est pas déchirée, c'est un papier tiré de flautre, labouré ou bourdonné, suivant que les inégalités seront fortes, et en différens sens. Si le coucheur appuie trop, et que l'eau du feutre soit exprimée dans la feuille couchée, l'on dit qu'il a fait du gâté-d'eau. Il fait aussi des feuilles rebordées ou dentelées, soit en y appuyant les doigts, soit en étendant mal le feutre.
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