Manuel Roret du Relieur

 
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Préface

Première partie - Brochage

Deuxième partie - Reliure

Considérations générales

Chapitre 1
Matières employées par le relieur

  1ère section - Peaux
   § 1. - Basanes
   § 2. - Veaux
   § 3. - Maroquins
   § 4. - Cuir de Russie
   § 5. - Chagrin
   § 6. - Teinture des peaux
   § 7. - Parchemin et vélin
  2ème section - Papier parcheminé, ivoire, écaille, nacre
  3ème section - Colles

Chapitre 2
Atelier et outillage du relieur


Chapitre 3
Opérations du relieur


Chapitre 4
Racinage et marbrure de la couverture


Chapitre 5
Marbrure sur tranche


Chapitre 6
Dorure et gaufrure


Chapitre 7
Reliure mécanique


Chapitre 8
Reliures diverses


Chapitre 9
Renseignements divers


 

 
§ 3. - Maroquins

Les maroquins sont des peaux fines et molles, tannées au sumac et teintes. On en distingue deux sortes :

Les vrais maroquins, qui se font exclusivement avec des peaux de bouc ou de chèvre ;
Les faux maroquins, qui se préparent avec des peaux de mouton, des moutons sciés ou de très minces peaux de veau.

Les faux maroquins se nomment aussi moutons ou veaux maroquinés.

Les vrais maroquins sont des peaux de luxe qu'on réserve aux belles reliures. Leur nom vient de celui du Maroc, et il leur a été donné parce que c'est de ce pays que l'art de les fabriquer a été introduit en Europe, du moins en France.

On sait que la découverte de cette branche du travail des cuirs est attribuée aux Orientaux, qui, à l'époque de la conquête arabe, le firent dit-on, connaître aux populations de l'Afrique du Nord.

Pendant longtemps, tout le maroquin employé en Europe, avait une origine étrangère ; on le tirait soit du Levant, c'est-à-dire de la Turquie d'Europe, de l'Asie-Mineure, de la Syrie ou de l'Egypte ; soit des pays barbaresques, c'est-à-dire des régences d'Alger, de Tripoli, de Tunis et de l'empire du Maroc. Depuis le siècle dernier, les choses ont tellement changé qu'aujourd'hui les Européens en fabriquent infiniment plus qu'ils n'en peuvent consommer, et qu'en outre, quand ils travaillent, avec les soins convenables, des peaux bien choisies, ils obtiennent des produits toujours égaux et le plus souvent très supérieurs à ceux des Orientaux.

Les peaux qui donnent le meilleur maroquin et le plus solide, proviennent du Maroc, de l'Espagne et de l'Agérie. Cela provient de ce que les chèvres de ces pays sont plus grandes et plus fortes que celles de nos contrées du Nord, et qu'en outre l'action du climat, tout à la fois chaud et sec, sous lequel elles vivent, communique à leur peau une densité et une dureté que ne peut jamais acquérir la peau des chèvres des régions plus ou moins froides et humides. Pour la même raison, en France, les peaux des chèvres des départements montagneux du Midi valent infiniment mieux que celles des autres départements. Au reste, en général, tous les pays de plaine et du Nord ne produisent que des peaux de fort médiocre qualité.

La grosseur de ce qu'on appelle le grain du maroquin est due au plus ou moins d'épaisseur et de grossièreté des peaux. Plus donc la peau est épaisse et grossière, plus le maroquin qui en est fait a le grain gros et réciproquement. Le maroquin gros grain, dit du Levant, doit uniquement à cette cause, et non à un travail particulier ou à une préparation tenue secrète, l'aspect qui le caractérise. Comme tous les autres maroquins que l'on tire encore des pays orientaux, il n'a réellement d'autre mérite que de venir de loin. On peut même dire que la plupart des maroquins qualifiés du Levant sont tout simplement de beaux maroquins français qu'on a débaptisés pour satisfaire la fantaisie des consommateurs.

Ainsi que nous venons de le dire et que nous ne saurions trop le répéter, les produits des maroquiniers européens, surtout ceux des maroquiniers français, valent toujours ceux des Orientaux, quand ils ont été préparés avec soin ; ils leur sont même généralement supérieurs. Dans tous les cas, ils ont sur eux l'avantage de présenter presque toutes les teintes de la palette la plus riche, tandis que ceux des Asiatiques ne sortent jamais d'un très petit nombre de couleurs, invariablement les mêmes.

En raison de son prix élevé, le maroquin ne peut être employé que pour les reliures soignées, par conséquent coûteuses. C'est en vue des reliures communes ou mi-communes qu'on a imaginé les moutons maroquinés. Ces peaux se travaillent de la même manière que celles de chèvre, et, quand elles ont été préparées par des ouvriers habiles, elles imitent assez bien ces dernières. Après les avoir teints, on les imprime quelquefois sur chair pour simuler le velours.

Les moutons dédoublés, ou sciés, ne sont autre chose que des moutons maroquinés, divisés dans leur épaisseur. Cette opération s'effectue avec des machines spéciales, dites à refendre. On obtient ainsi deux peaux d'une seule, quelquefois même trois. Chacune de ces peaux est nécessairement d'une extrême minceur, mais, comme elle coûte fort peu de chose, elle peut servir pour les reliures à bon marché.






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